dimanche 9 mars 2008

Maires d'alors...

(ci-contre: la plus petite mairie française, paraît-il).

Soirée d'élections municipales oblige, petit florilège tiré pour l'essentiel de Wikipedia sur nos belles communes.

Vous le savez tous, la France est championne toutes catégories en nombre de communes (derrière la Chine peut-être, je n'ai pas réussi à trouver l'info): 36 782, soit plus que les Etats-Unis (moins de 36 000) et un tiers du total des communes de toute l'Union (97 000).

Il faut remercier Mirabeau pour ce record. Sous l'Ancien Régime il existait environ 60 000 paroisses, en charge de tenir le registre des baptêmes, des mariages et des décès. Pour le reste, la France de 1789 est un "agrégat in-constitu de peuples désunis" selon le mot de Mirabeau: dûchés, comtés, baillages, sénéchaussées, villes franches s'enchevêtrent sans logique, au gré des coutumes locales remontant parfois jusqu'au Moyen-Age. Comment organiser tout ça? Deux conceptions s'affrontent à l'Assemblée Nationale : Thouret, Sieyès et Condorcet, souhaitent découper le territoire en départements carrés de 18 lieues de côté chacun, divisés en neuf communes chacun, divisées en neuf cantons chacune. Ca semble rationnel et surtout ça permet d'avoir des communes suffisamment grandes pour être viables. Mais Mirabeau craint justement que de si grandes communes ne menacent l'autorité du pouvoir central et défend - c'est paradoxal pour un Jacobin - le particularisme local et le droit de chaque paroisse à s'autogérer.

Exit donc le projet de découpage en beaux carrés égaux. Chaque paroisse constituera une commune, sauf les plus petites et celles qui font manifestement partie d'une même ville et qui pourront se regrouper: voilà pourquoi on n'a créé que 40 000 communes et pas 60 000. C'est cette origine paroissiale qui explique que plus de 4000 communes soient aujourd'hui encore des Saint(e)-quelque chose.

Depuis la Révolution Française, ce découpage n'a pratiquement pas changé. Simplement les plus rurales se sont vidées peu à peu de leurs habitants et près de 90% de nos communes comptent maintenant moins de deux mille habitants: à titre de comparaison la médiane en Belgique est de onze mille habitants par commune et de plus de cinq mille en Espagne. A l'inverse les grandes villes se sont agrandies bien au-delà de leur périmètre institutionnel: la commune de Lyon par exemple ne compte que 470 000 habitants alors que c'est l'équivalent économique de Munich dont la commune (Gemeinde) pèse 1 300 000 habitants. Seul Paris a vu ses limites un peu adaptées, mais son aire urbaine couvre quand même près de quatre cents communes: il reste du chemin!

A titre de comparaison, les autres pays d'Europe sont souvent passées par la même histoire mais ont en général réussi à regrouper leurs communes pour qu'elles aient une taille suffisante: l'Allemagne est ainsi passée de 24 000 Gemeinden à moins de 9000 dans les années 1970... L'Italie et l'Espagne ne comptent que 8000 communes. En France nous avons également rationalisé en passant de 40 000 à 36 000 communes (en 200 ans).

Sachez que la commune qui a le nom le plus petit est Y (Somme, 89 habitants). Celle dont le nom est le plus long est Saint-Remy-en-Bouzemont-Saint-Genest-et-Isson (Marne, 592 habitants): 45 signes, record à battre!

Il y a une commune d'un seul habitant: Rochefourchat (Drome) , et deux communes (Leménil-Mitry en Meurthe-et-Moselle et Rouvroy-Ripont dans la Marne) qui n'en ont que deux. Il y a en même six qui n'en comptent carrément aucun (Beaumont-en-Verdunois, Bezonvaux, Cumières-le-Mort-Homme, Fleury-devant-Douaumont, Haumont-près-Samogneux et Louvemont-Côte-du-Poivre). Ne ricanez pas: ces communes "mortes pour la France" ont été rasées pendant la bataille de Verdun. On conserve en leur honneur un conseil municipal nommé par le préfet de la Meuse...

Le site habitants.fr vous apprendra que les habitants de St-Chamessy en Dordogne s'appellent les Eumacois, que ceux de Puy-St-Vincent (Htes Alpes) sont les Traversouilles et ceux de Chêne-Arnoult (Yonne) les Quersusarnuliens. Déception tout de même: ceux de Saint-Remy-en-Bouzemont-Saint-Genest-et-Isson s'appellent les Bouzemontois, tout simplement.